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Aurillac Auto Expertise - Aurillac - Renault sous le feu des investigations de la DGCCRF dans l'affaire du Motorgate

Le parquet de Nanterre a discrètement ouvert une enquête préliminaire en octobre 2023 sur les défaillances du moteur TCe 1.2 litre. Aujourd'hui, la DGCCRF prend officiellement le relais.

Alors que Renault échappe au scandale mondial des airbags Takata, le constructeur au losange est aujourd'hui au cœur d'un nouveau front judiciaire, baptisé "Motorgate". Un terme évocateur, en référence au Dieselgate de Volkswagen, qui désigne ici un problème récurrent de surconsommation d'huile et de casse moteur affectant des centaines de milliers de véhicules équipés du moteur essence TCe 1.2 litre, produit entre 2012 et 2016.

Un article publié ce 27 juin par Le Monde révèle que le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire dès octobre 2023. Depuis le début de l'année 2025, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a été officiellement saisie pour conduire les investigations. Son Service national des enquêtes, qui dispose des outils d'analyse techniques nécessaires, est chargé de faire la lumière sur cette affaire.

Une défaillance mécanique massive, mais longtemps ignorée

Le moteur TCe 1.2, fabriqué par Renault à Valladolid (Espagne) et Sunderland (Royaume-Uni), équipe plusieurs modèles phares du groupe (Clio IV, Captur, Mégane III, Kadjar, Scénic III) ainsi que des Dacia (Duster, Lodgy) et des Nissan (Juke, Qashqai). Plus de 400 000 véhicules seraient concernés à l'échelle européenne, dont 130 000 circulent en France.

L'origine de l'affaire remonte à 2019, quand l'UFC-Que choisir tire la sonnette d'alarme sur des remontées anormalement fréquentes de casses moteur dues à une surconsommation d'huile, parfois dès 70 000 km. En mai de la même année, l'association de consommateurs lance une alerte publique. Une mobilisation citoyenne inédite s'organise rapidement, autour d'un groupe Facebook. En parallèle, l'association Victimes du Motorgate, fondée par Olivier Blanchet, prend le relais sur le plan judiciaire.

Une plainte pénale aux chefs d'accusation lourds

En juin 2023, l'action se transforme en plainte pénale visant Renault pour tromperie, escroquerie, mise en danger de la vie d'autrui et pratiques commerciales trompeuses. L'avocat Christophe Lèguevaques, spécialiste des actions collectives, pilote la procédure via la plateforme Myleo.legal.

Renault reconnaît «?une possibilité de surconsommation d'huile sur certains véhicules […] produits avant mi-2016?» et affirme avoir proposé «?des prises en charge financières étendues?» en fonction de l'entretien et du kilométrage. Mais les témoignages recueillis par les collectifs pointent des refus fréquents de prise en charge intégrale, ou des montants de réparation dépassant parfois les 7 000 € pour un remplacement moteur.

Une enquête qui s'accélère, sous surveillance étatique

Selon Le Monde, des vérifications ont été effectuées par le Service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), autorité dépendant du ministère de la transition écologique. Cette phase préalable a permis d'attester que les anomalies justifiaient l'ouverture d'une instruction plus approfondie par la DGCCRF. Le périmètre de l'enquête reste aujourd'hui centré sur les modèles Renault et Dacia, bien que certains Nissan (même motorisation) soient aussi concernés par la problématique technique. Mercedes, dont certains Citan partageaient ce bloc moteur, n'est pas non plus dans le champ de la plainte actuelle.

Vers une possible requalification pénale ?

L'instruction confiée à la DGCCRF pourrait conduire, à terme, à une requalification pénale ou à un procès si les éléments recueillis valident les accusations de tromperie. Les victimes espèrent notamment que Renault soit contraint de reconnaître sa responsabilité et d'indemniser intégralement les automobilistes lésés. La situation est d'autant plus sensible que le constructeur, désormais très engagé dans sa stratégie électrique, doit composer avec une image de fiabilité écornée. Pour Renault, l'affaire Motorgate représente un test majeur de transparence et de gestion de crise, à l'heure où la confiance des consommateurs devient un enjeu.

Source : https://www.auto-infos.fr